La thérapie de couple avec l’orientation «solutions» en thérapie brève

expliquée par Anne-Françoise Martens

Parlez-nous de votre formation :

Je suis diplômée de l’Université Libre de Bruxelles (1979) en psychologie et pédagogie et ai poursuivi ma formation en analyse systémique et thérapie familiale et plus particulièrement en thérapie brève orientée vers les solutions. Il s’agit du schéma type de mes interventions qui s’enrichissent de l’apport d’une formation en hypnose ericksonienne et en thérapie narrative (M. White).

Quel est votre parcours professionnel :

J’ai commencé à travailler en Centre de Santé Mentale à Bruxelles durant 16 ans avec des familles, des enfants et le réseau de la petite enfance local; ensuite j’ai eu l’occasion de travailler en Afrique (1996-2000) à la formation du personnel sanitaire à la relation d’aide avec les personnes vivant avec le VIH Sida et en Amérique centrale (2000-2004) pour soutenir le personnel soignant en oncologie pédiatrique et participer à la seule consultation pédopsychiatrique du pays. Je m’y suis aussi consacrée à la formation en thérapie systémique et thérapie orientée vers les solutions des psychiatres en formation. Nous y avons développé des groupes thérapeutiques de patients à orientation solutions. Tout ceci en espagnol bien entendu.

Et actuellement que faites-vous ? 

Je pratique la psychothérapie brève orientée vers les solutions de manière individuelle, en couple et en famille au « 35 » Centre de thérapie à Namur, les lundis et à Bruxelles les mercredis. En français et en espagnol.
Cette approche thérapeutique met en avant les ressources actuelles, passées ou en devenir des personnes pour répondre aux problèmes qu’elles se posent. La compréhension du problème n’est donc pas l’objet central du travail thérapeutique. Pour déverrouiller une porte dont on a perdu la clef, nous pouvons laborieusement démonter la serrure ( problème) mais aussi utiliser un passe partout ( solution). L’important est de trouver ensemble la solution la plus rapide et la plus facile à utiliser afin de redonner confiance et espoir en la capacité de mener sa vie de manière autonome.
Pour un autre mi-temps, je coordonne le service de formation continue des accueillantes de l’enfance en extra scolaire au Centre Coordonné de l’Enfance et j’y développe des activités de supervision d’équipes et de gestion de projet en me référant à l’orientation solutions. .
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Comment vous contacter ? 

Par mail : afmartens@telenet.be ou afmartens@hotmail.com
Par tel : 0485 469 903

Et voici nos questions :

Pour commencer une thérapie de couple, faut-il que les deux partenaires viennent ensemble la première fois ?

– non, parfois l’un se plaint de sa vie de couple et soit nous lui proposons des manières de faire qui vont dans le sens de gérer autrement sa vie de couple soit nous lui proposons de venir avec son partenaire pour travailler ensemble. Les deux partenaires sont rarement en phase sur les motifs de leur demande de thérapie de couple, les premières séances sont consacrées à trouver un terrain commun. Si nous ne trouvons pas ce terrain, l’indication de thérapie de couple n’est pas prête, nous pouvons proposer un travail individuel à la personne qui en ferait la demande. Ce n’est pas toujours une thérapie dont le couple a besoin. Ce premier entretien de mise au point de leur demande est donc très important.

Quels thèmes travaillez-vous en premier lieu ?

– Il s’agit de trouver une demande commune : à partir du motif de consultation actuel, il convient de faire exprimer aux deux membres du couple en quoi je peux les aider ; ensuite proposer ce qui constitue la demande commune.
– Ensuite, il s’agit de répondre à ce qui a le plus de chance d’évoluer positivement (selon leur demande commune) dans leur relation et qui est le plus facilement et rapidement réalisable.
– Il est aussi important de déterminer tout ce que le couple veut garder et qui ne doit surtout pas changer.

Quel est votre fil rouge ?

– Le besoin d’écouter les deux personnes, de reconnaître les deux positions
– les faire sortir des interprétations du comportement de l’autre, revenir aux faits et aux intentions explicitées
– à partir des plaintes sur le partenaire, je propose de passer aux propositions et demandes de changement
– nous nous mettons alors d’accord sur des propositions de petites modifications des schémas relationnels qui sont réalisables et donc porteuses d’espoir que le c hangement est possible
– il est important de donner du sens dans l’histoire de chacun et celle du couple à ce qui est vécu, l’élargir à des dimensions familiales, culturelles, historiques, sociales…

Quelles techniques utilisez-vous plus particulièrement lors de la thérapie ?

Il s’agit d’une thérapie par le langage ; c’est dans la manière de reformuler et de questionner avec curiosité et respect que la thérapie orientée vers les solutions peut se distinguer d’autres approches. Plutôt que d’investiguer le problème et de le décortiquer, la TBOS cherche à repérer les solutions propres à la personne. L’idée est que celles-ci n’ont pas toujours un lien avec le problème (serrure bloquée) et qu’il existe des solutions (clefs passe partout) à débusquer.

– l’importance est donnée aux exceptions au problème, il s’agit de repérer les moments où les personnes ont réussi à solutionner celui-ci, même de manière brève ou incomplète à leurs yeux ; les amplifier dans la narration leur donne de la consistance et les développe.
– utiliser la projection dans l’avenir par la question miracle, différentes manières de les faire se représenter comment ce sera sans le problème permet d’augmenter les chances de le voir solutionné.

– les échelles de progrès, d’espoir, etc…, qui leur permettent de visualiser où ils en sont par rapport à leur objectif et leur ligne de départ ; cela leur permet surtout d’envisager le prochain pas et les circonstances de sa venue. L’échelle d’espoir permet de mesurer où chacun se situe dans son espoir que la situation change pour lui-même, l’autre, son couple. Il s’agit de se situer sur une ligne graduée subjective dont les étapes sont dessinées par les personnes elles-mêmes.

– l’intérêt pour les améliorations déjà réalisées et leur amplification, leur ancrage comme ressources de la personne disponible

Mais aussi d’autres approches thérapeutiques peuvent être utilisées
– la sculpture, pour avoir accès à des représentations non verbales de la relation dans ses différentes étapes
– la technique de la chaise vide pour aider les personnes à se mettre dans la peau d’un autre, absent ou présent
– l’apport de la thérapie narrative qui externalise le problème qui affecte le couple ; l’amener ensuite à affecter le problème ( avoir une influence sur le problème), le couple reprend alors son autonomie face au problème
– la prescription de rituels qui renforcent les étapes dans la vie du couple

Quand est-ce que la thérapie est terminée ?

Les objectifs sont définis par le couple, c’est avec eux que nous évaluons le chemin parcouru. Il se peut que d’autres objectifs apparaissent utiles à atteindre, mais ce sont eux qui déterminent leur pertinence, ce n’est pas le thérapeute. Car il n’y a pas de fonctionnement sain et malsain, il y en a qui font souffrir et d’autres qui font avancer. Chaque couple a ses propres critères. Il peut donc y avoir plusieurs temps dans la thérapie. Ils peuvent être espacés de plusieurs mois ou se dérouler à la suite.

Peut-on dire qu’une thérapie de couple est réussie quand les partenaires sont de nouveau ensemble ?

Si l’issue favorable pour chacun est la séparation, vouloir une autre issue ne serait pas un bon objectif pour la thérapie; une thérapie est réussie quand elle a atteint l’objectif qui lui était fixé. Bien souvent, le couple est en train de se dissoudre et la thérapie est considérée comme le remède miracle; ce que nous leur proposons ne peut répondre à cet objectif et la thérapie peut se limiter alors à des entretiens de mise au point et de clarification de la situation de séparation comme la solution disponible à ce moment. Pour un couple par exemple, vivre séparément a représenté la possibilité pour chacun de se faire respecter par l’autre, de se faire désirer et de construire un avenir, ce que la vie commune avec ses disputes, malentendus et violence ne permettait plus.

Que proposez-vous d’autre aux couples ou personnes seules pour qui la mise en couple est problématique ?

Je travaille alors en individuel et définis avec la personne son objectif réalisable. Plus que de travailler directement sur les « échecs » relationnels je cherche avec la personne de petites réussites possibles. Si nous découvrons que des événements traumatiques ont comme conséquences des difficultés relationnelles, la démarche thérapeutique va se centrer sur cet aspect. L’hypnose et l’auto hypnose peuvent alors aider la personne à mieux vivre avec cette partie d’elle-même qu’elle ne maîtrise pas comme elle le souhaiterait. Je pense que ma collègue Claudia Ucros peut vous parler de sa pratique en gestion des traumatismes et qui apporte un autre type d’aide.

Charles Hershkowitz peut également vous entretenir sur un programme d’ateliers pour couple ou personnes seules qu’il anime avec Doris Haufler et qui sont centrés sur une meilleure connaissance des mécanismes relationnels qui font souffrir les couples et la manière de repérer de nouveaux schémas relationnels plus constructifs.

Bibliographie : 

Thérapie brève:
Pour une thérapie brève. Luc Isebaert, Marie Christine Cabié: éres , 1997

La tactique du changement, R. Fisch, J.H. Weakland, L.Segal,

Les thérapies brèves, Dr. Dominique Megglé, Retz, 1990

Clés et solutions en thérapies brèves, Steve de Shazer, Satas, 1999

Thérapie conjugale brève: Patricia O’Hanlon Hudson et William Hudson O’Hanlon, Satas, 2003

Hypnose:
L ‘hypnose orientée vers la solution , W.H.O’Hanlon et M.Martin, Satas, 1995

Créer le réel, Thierry Melchior, Seuil, 1998

Terrapie Narrative:
Narrative Therapy, Martin Payne, Sage Publication, Londres, 2000

Narratives of therapists’lives, Michael White, 1997, Dulwich Centre Publications;

Anne-Françoise Martens
Novembre 2006